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Le monde de l'entreprise dans tous ses états – pot pourri d'articles :

Réinventer l’entreprise pour changer le monde. Tel est le pari d’entrepreneurs inventifs, qui font le choix d’utiliser les forces du marché pour apporter des solutions innovantes aux problèmes de société. Coup de projecteur sur l’entrepreneuriat social avec Arnaud Mourot, directeur général France-Suisse-Belgique d’Ashoka, le premier réseau mondial de soutien aux entrepreneurs sociaux innovants.

Lemagazine.info : Qu’est ce que l’entrepreneuriat social ?

Arnaud Mourot : Ce terme a été lancé dans les années 1980 par Bill Drayton, le fondateur d’Ashoka, qui est aujourd’hui le plus grand réseau d’entrepreneurs sociaux dans le monde. Ces entrepreneurs tentent de réaliser la synthèse entre la sphère du business et celle du social. Ils font le choix de mettre leurs qualités entrepreneuriales au service de la résolution d’un problème social et/ou environnemental à grande échelle. Ils ne cherchent pas à s’accaparer un marché mais à faire en sorte que les nouvelles solutions qu’ils inventent soient reprises et partagées par le plus grand nombre. La réussite d’une entreprise sociale se mesure donc essentiellement en fonction de son impact sur la société. 

Lemagazine.info : Quels sont les domaines d’action des entreprises sociales ?

Arnaud Mourot : Ces domaines vont de l’éducation et la formation au développement durable, en passant par la santé, la lutte contre les exclusions, l’insertion professionnelle, les droits de l’Homme, la protection de l’environnement, etc. L’association brésilienne IDEAAS, par exemple, électrifie les campagnes reculées grâce à des systèmes peu coûteux utilisant les énergies renouvelables et favorise ainsi le développement économique et le maintien des habitants de ces zones. Autre exemple : en France, l’association ANDES met en réseau les épiceries solidaires afin de renforcer leur efficacité économique et sociale au service des populations en difficulté.

Lemagazine.info : Les frontières entre la sphère du business et celle du social sont-elles en train de disparaître ?

Arnaud Mourot : Il y a 20 ans, ces frontières étaient nettes. Aujourd’hui, ces deux mondes s’imbriquent de plus en plus. Les échanges mutuels de compétences, de savoirs et de bonnes pratiques permettent des avancés intéressantes d’un côté comme de l’autre, telles que la professionnalisation des entreprises sociales ou le développement, au sein des entreprises classiques, du concept de RSE [NDLR, la Responsabilité Sociale et Environnementale, c’est-à-dire la prise en compte par les entreprises des conséquences sociales et environnementales de leurs activités]. Cela permet également d’initier des partenariats gagnant-gagnant, conjuguant les forces des entreprises classiques avec celles des entrepreneurs sociaux, pour le développement de produits ou de services. Ashoka appelle cela des « modèles hybrides ». De nombreux secteurs sont concernés : logement social, santé, formation, etc. Le pouvoir de changement d’une telle démarche est énorme !

Lemagazine.info : Comment favoriser une meilleure visibilité et une meilleure attractivité de l’économie sociale ?

Arnaud Mourot : En interne, il faut continuer à professionnaliser les organisations sociales afin de les rendre plus efficaces et plus attirantes, non seulement vis-à-vis des « talents », qui souhaitent de plus en plus donner un sens à leur vie professionnelle, mais aussi des financeurs qui veulent voir leur argent utilisé à bon escient. Nous avons donc besoin d’outils pertinents afin de mesurer l’impact social de ces organisations. Il est également essentiel de promouvoir en externe l’importance du secteur, ses réussites et son utilité et de lui permettre d’exprimer tout son potentiel en résolvant les questions de financement et de gouvernance.

Lemagazine.info : Existe-t-il des indicateurs permettant de mesurer l’utilité sociale des organisations ?

Arnaud Mourot : Ashoka a créé il y a 15 ans son propre système de mesure afin d’évaluer les retombées de l’activité des entrepreneurs sociaux qu’elle a sélectionnés. Les organisations du secteur doivent pouvoir prouver leur utilité, qui est d’abord sociale mais aussi souvent économique. Par exemple, en permettant la remise en forme des personnes âgées, les prestations de l’association SIEL Bleu aboutissent notamment à une diminution de leur consommation de médicaments et donc à des économies pour la Sécurité sociale. Mais la question des indicateurs n’est pas évidente à résoudre. Nous y travaillons, notamment en France, avec les entrepreneurs de notre réseau et des partenaires comme la Chaire Entrepreneuriat Social de l’école de commerce ESSEC et le Social e-valuator [NDLR, organisation hollandaise proposant un outil d’évaluation du retour social sur investissement de projets économiques et sociaux].

Lemagazine.info : Comment vont évoluer les entreprises sociales ces prochaines années ?

Arnaud Mourot : Elles vont accentuer leur professionnalisation et se mettre de plus en plus au niveau des entreprises business dans ce domaine, tout en conservant leurs valeurs intrinsèques. Et je pense que l’on va assister à d’impressionnants changements d’échelle grâce à la mise sur pied de partenariats d’un nouveau type, sous forme de chaînes de valeur hybrides pouvant inclure entreprises business, entrepreneurs sociaux, collectivités territoriales, entités publiques, etc. pour résoudre au mieux les problèmes sociétaux.

Le liquidateur d’une personne physique n’a pas qualité pour exercer les actions liées à la qualité d’associé ou de gérant.

Un gérant et associé d’une SCI, dont il détenait 99% des parts, a été mis en liquidation judiciaire, un liquidateur M. Y. étant désigné. Les statuts de la SCI prévoyaient que les retraits de sommes figurant en comptes courants d’associés interviendraient en accord avec le gérant et qu’à défaut d’accord, ils ne seraient possibles que moyennant un préavis d’au moins 18 mois.Sur la requête de M. Y., un mandataire ad hoc a été désigné avec mission de tenir une assemblée générale des associés de la SCI appelée à se prononcer, notamment, sur la modification de ces stipulations et sur l’obligation de la SCI de rembourser les comptes courants d’associés à première demande.

La SCI et le gérant associé, qui détenait créance en compte courant d’un montant d’environ un million d’euro, faisant valoir que le liquidateur judiciaire n’avait pas qualité pour former une telle demande, ont saisi le juge des référés aux fins de rétractation de l’ordonnance sur requête.

Cette demande ayant été rejetée, un pourvoi a été formé. Sous le visa de l’article L622-9 du Code de commerce, dans sa rédaction antérieure à celle issue de la loi du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises, applicable en la cause, et de l’article 1844 du Code civil, la Cour de cassation considère que « le jugement qui ouvre ou prononce la liquidation judiciaire d’une personne physique emporte dessaisissement pour le débiteur de l’administration et de la disposition de ses biens, mais ne le dessaisit pas de l’exercice des droits attachés à sa personne ».

En conséquence, pour la Haute juridiction, « en cas de mise en liquidation judiciaire de l’associé d’une société civile, le liquidateur de son patrimoine n’a pas qualité pour exercer les actions liées à sa qualité d’associé ou de gérant et concernant le patrimoine de la personne morale, non plus que son droit de participer aux décisions collectives« .

Source : Cass / Com. 18 octobre 2011 – pourvoi n°10-19647

© 2011 Net-iris

Comment évoluent les très hauts revenus en France le 17 novembre 2011

http://inegalites.fr/spip.php?article1456&id_mot=164
Les 0,01 % les plus riches ont gagné 180 000 euros de revenus annuels supplémentaires entre 2004 et 2008. Un gain équivalent à 14 années de Smic…

L’évolution des hauts revenus est mal connue. Pour l’Instant, l’Insee ne diffuse de données que pour l’intervalle 2004-2008. On en sait un peu plus grâce aux travaux des économistes Thomas Piketty et Camille Landais, mais beaucoup reste à faire dans la connaissance du haut de la distribution.

Evolution à court terme et moyen terme

L’évolution des niveaux de vie

Entre 2004 et 2008, les 0,01 % les plus riches ont vu leur revenu annuel (salaires et revenus du patrimoine compris) s’accroître de 33 %, soit 180 000 euros (données avant impôts), passant de 551 900 à 732 300 euros : une augmentation équivalente à plus de 14 années de Smic… Et encore, il s’agit de la frontière (revenu minimum) des 0,01 % et non du revenu moyen de cette tranche, encore bien supérieur… A noter tout de même qu’il s’agit de données avant imposition.

Les 1 % les plus riches ont engrangé beaucoup moins, mais leurs 7 700 euros (+16 %), représentent tout de même la valeur du travail de plus de sept mois d’un smicard. En même temps, la moitié de la population a obtenu 500 euros supplémentaires au cours de ces quatre années (+5 %).

Depuis 2008, la crise financière a fait lourdement chuter les revenus du patrimoine, il est fort probable que l’évolution des hauts revenus soit, même si elle reste bien supérieure au commun des mortels, moins avantageuse. Mais on ne peut encore en dresser le bilan.

Hausse des revenus entre 2004 et 2008
Evolution des revenus annuels déclarés par personne
2004 (en euros) 2008 (en euros) Hausse (en %) Hausse en valeur (en euros)
Les 50 % des personnes les plus riches gagnent au moins 17 400 18 300 + 5 + 900
Hausse des plus hauts revenus
Les 10 % les plus riches gagnent au moins 35 300 37 000 + 5 + 1 700
Les 1 % les plus riches…….. 80 500 88 200 + 16 + 7 700
Les 0,1 % les plus riches…….. 201 300 239 300 + 19 + 38 000
Les 0,01 % les plus riches…….. 551 900 732 300 + 33 + 180 400
Ces revenus ne prennent pas en compte les impôts et les prestations sociales.
Source : Insee

L’évolution des salaires

Entre 1996 et 2008, la part dans la masse salariale des 1 % des salariés à temps complet touchant la rémunération la plus élevée au sein du secteur privé est passée de 5,5 % à 6,9 % (voir graphique ci-dessous). Les salaires perçus en moyenne par les 1 % des salariés les mieux rémunérés ont augmenté beaucoup plus rapidement que ceux des autres salariés.

Selon l’Insee, les 132 000 personnes représentant les 1 % des salariés à temps complet les mieux rémunérés ont touché en moyenne en 2008 un salaire brut de 221 400 euros. Les 10 % des salariés les mieux rémunérés percevaient un salaire de 73 800 euros (trois fois moins), tandis que le salaire moyen de l’ensemble des salariés du privé s’élevait à 33 010 euros (sept fois moins).

Evolution de long terme

Comme le montrent les données publiées par le chercheur Camille Landais, la part du revenu national détenue par les 1 % les plus riches est en nette augmentation depuis le début des années 1980. Elle est passée de 7 % en 1981 à 9 % en 2006, avec une baisse assez nette entre 1988 et 1996.

Pour en savoir plus :

Riches : toujours plus

L’évolution des inégalités de revenus en France

http://lentreprise.lexpress.fr/gestion-entreprise/le-moral-des-patrons-de-tpe-au-plus-bas-depuis-10-ans_31286.html?xtor=EPR-11-[ENT_Zapping]-20111118–37739982@182507658-20111118064057

LEntreprise.com, publié le 17/11/2011

Le moral des dirigeants des TPE de 0 à 19 salariés est en berne, selon le baromètre du 4e trimestre 2011 réalisé par l’IFOP pour Fiducial.

Leur optimisme sur le climat des affaires est en chute, avec seulement 23% d’opinions positives (-8%). Ils craignent une nouvelle récession, et sont plus inquiets pour l’économie française (92%) que lors de la crise financière en octobre 2008.

Des prévisions très incertaines pour 2012

62 % des patrons de TPE anticipent de graves répercussions sur leur activité et sur la situation financière de leur entreprise (58%).

Leurs besoins de financement ont augmenté. (+4% en un trimestre), et dans le même temps, les conditions des banques se sont durcies pour 51% des TPE. 32% ont essuyé un refus de prêt, et 13% ont obtenu un montant inférieur à leur demande.

Ils estiment à 59% n’avoir aucune visibilité, cependant 31% espèrent quand même une progression de leur chiffre d’affaires.

Pour ce motif, la moitié d’entre eux veulent maintenir leur calendrier initial d’investissements pour 2012, 18% vont les limiter à 35 000 euros, et 27% les reporteront en totalité ou en partie.

En ce qui concerne leur intentions d’embauche, la prudence est de mise : seuls 6% envisagent de recruter en 2012.

Même prévoyance en matière de salaires, tout en tenant compte de la motivation des équipes : 33% des dirigeants ont déjà décidé de geler ou de limiter les augmentations. En revanche, 40% maintiendront le versement de primes à leurs salariés (seuls 13% envisagent de les supprimer ou de les diminuer).

Les chefs d’entreprise du secteur industriel ont révisé à la baisse leurs anticipations d’évolution de dépenses d’investissement. L’investissement se modèrerait sans se contracter, mais reste sous la menace d’un durcissement accru des conditions du crédit.

Dans l’industrie manufacturière, les chefs d’entreprise prévoient une progression de leurs dépenses d’investissement de 4% pour 2012 par rapport à 2011. L’enquête sur les investissements dans l’industrie a souvent été sujette à des révisions de grande ampleur au cours d’une année. Les indications fournies en octobre d’une année n pour une année n+1 restent donc très fragiles.

Octobre 2011 n’est pas octobre 2008
A ce jour, ce n’est pas un recul de l’investissement industriel qui est anticipé, mais une modération de sa croissance. Lors de la précédente phase de stress financier aigu d’octobre 2008, les industriels avaient déclaré anticiper une contraction de 3 % de leurs dépenses d’investissement en valeur. Celle-ci avait finalement été de 21 %.

Le détail de l’enquête apporte des observations intéressantes sur la conjoncture générale de l’économie française :

  • La progression de l’investissement industriel en 2011 paraît vive (+11 %). Elle reste toutefois insuffisante pour compenser la baisse de 21 % intervenue en 2009 (+1 % en 2010). De plus, la part des investissements motivés par un objectif d’expansion des capacités de production est à son étiage de 13 % (contre 16 % en moyenne sur longue période). Cette observation suggère que la contraction des capacités de production industrielle installées sur le territoire se poursuit. Ce mouvement est à mettre en relation avec le faible niveau de l’excédent brut d’exploitation de l’industrie dont le montant en 2010 était inférieur de 43 % à son niveau de 2000.

Une modération des dépenses d’investissement des entreprises paraît s’opérer également dans les activités de services. Le solde des opinions des chefs d’entreprise de ce secteur sur l’évolution prévue de leurs investissements a quelque peu rechuté en octobre dernier. Cette observation est à relier à une chute des opinions sur l’évolution prévue de l’activité qui a été beaucoup plus marquée dans les activités de services que dans l’industrie au cours des deux derniers mois.

Au total, toutes ces observations suggèrent que l’investissement des entreprises se modère sans se contracter pour l’heure. Il reste sous la menace d’un durcissement accru des conditions du crédit. La dépense d’investissement des entreprises avait été l’un des moteurs du retour à la croissance de l’économie française à partir de la mi-2009. Ce moteur perd en régime sans caler jusqu’à présent.  Denis FERRAND